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Nous qui rejetons la politique de l’escalade souhaitons visiter l’Algérie

 

Bruno Fuchs, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, est l’une des voix influentes au sein du parti “Mouvement Démocrate (MoDem)”, dirigé par François Bayrou, ministre actuel. Dans cet entretien exclusif accordé à «El Khabar», qu’il a donné dans son bureau à Paris, il parle pour la première fois de sa vision de la crise actuelle entre les deux pays, en suggérant son refus du ton de confrontation adopté par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qu’il considère comme étant destiné avant tout au public français. Fuchs n’hésite pas à proposer ce qu’il appelle une « offre de service » pour visiter l’Algérie et discuter avec ses homologues au parlement afin de trouver une solution pour stopper l’escalade. Il insiste sur le fait qu’il ne voit de solution qu’à travers la reprise du dialogue et de la coopération.

 

Les relations francoalgériennes connaissent une crise importante, et chaque jour semble amplifier l’escalade… Quelle est votre position sur ce qui se passe ?

 

Je pense que le piège à éviter pour nos deux pays est de réduire les relations bilatérales à la seule question de l’immigration. La relation entre nos deux pays est dense et multiforme : économique, énergétique, de renseignement, et de coopération avec l’Afrique. Il y a des communautés, entre la France et l’Algérie, qui comptent 6 millions de personnes, que je qualifie de culturellement doubles, vivant dans les deux pays. On ne peut pas leur demander de choisir. Ils vivent dans les deux pays en même temps. Ces 6 millions de personnes représentent un pays en soi.

Ainsi, limiter la relation à un seul angle, celui des expulsions est, à mon avis, une erreur. Lorsque nous nous retrouvons dans une logique de surenchère, que ce soit du côté français ou algérien, nous ignorons la force et les potentialités de cette relation sous tous ses aspects. Nous entrons alors dans un jeu politique contraire à l’intérêt des deux peuples et des deux pays. La surenchère et l’escalade de nos positions nuisent à l’intérêt de la France et de l’Algérie, alors que tout nous pousse à développer de nombreux projets communs.

 

En fait, Monsieur Fuchs, nous avons du mal à cerner votre position. Je parle ici de l’aile modérée à laquelle appartient François Bayrou, le Premier ministre. Soyez honnête, soutenezvous les positions de M. Retailleau dans sa gestion de la relation avec l’Algérie ?

 

Il y a deux aspects dans ce que dit le ministre de l’Intérieur, et de manière plus large, dans la façon dont la relation francoalgérienne est traitée. D’abord, il y a l’aspect que tous les Français peuvent soutenir : la question de la sécurité intérieure de la France. Il est responsable de garantir la sécurité des Français, et on constate qu’en France, ces dernières années, une pression croissante s’exerce sur les responsables à ce sujet. Il fait donc son travail en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour rassurer les Français, en expulsant les personnes dangereuses qui sont en situation irrégulière, quelle que soit leur nationalité. Et, en réalité, il s’avère qu’un grand nombre de ces personnes sont titulaires d’un passeport algérien, et leur retour en Algérie est donc attendu par les Français et relève des règles de droit.

 

Cependant, étant donné que l’Algérie refuse d’accepter un grand nombre d’entre eux, il y a deux approches pour résoudre ce problème. Je pense que l’approche qui consiste à surenchérir à travers des menaces mène à l’impasse actuelle. Plus on surenchérit, moins on obtient de résultats. Ni la France ni l’Algérie n’ont intérêt à aller dans cette radicalité. Il est grand temps de faire place au dialogue et de construire des relations de confiance solides et durables.

 

Il est difficile de comprendre qui décide de la politique extérieure en France. La constitution stipule que le président de la République détermine la politique extérieure, mais nous voyons M. Retailleau parler des positions de la France concernant les accords bilatéraux avec l’Algérie ?

 

Lorsque la question des accords de 1968 a été abordée (par le ministre de l’Intérieur), le président de la République a immédiatement précisé qu’il était le seul compétent en la matière. Le ministre de l’Intérieur donne l’impression de prendre des décisions, car il occupe la scène médiatique.

Mais en réalité, le président et le Premier ministre ont un discours clair : il doit y avoir de la fermeté sur la sécurité intérieure, mais aussi accorder du temps, plusieurs semaines, pourquoi pas, pour ouvrir le dialogue. C’est dans cet équilibre que réside le chemin du compromis. Ma conviction est que nous ne pourrons trouver une solution que dans le respect mutuel et la discussion.

Mais cette volonté doit aussi être partagée des deux côtés. C’est pourquoi j’adresse un appel aux responsables politiques algériens pour que cet appel au dialogue rencontre une réponse positive. Sinon, cela donne droit à la stratégie de surenchère et d’escalade.

Je comprends parfaitement que le langage belliqueux et les ultimatums ne sont acceptables pour aucun pays. Lorsque nous essayons d’imposer quelque chose à la France, elle réagit vivement. Et lorsque nous faisons de même en Algérie, il est naturel qu’elle réagisse fermement, ce qui est tout à fait logique.

Une fois que chaque partie a confirmé ses positions, soit nous laissons la situation s’intensifier, soit nous choisissons le chemin de la désescalade dans l’intérêt des deux parties, en commençant par des gestes mutuels. Je fais maintenant le premier pas et j’espère être entendu en Algérie.

 

Mais ce ton utilisé ici en France, le ton des ultimatums, le ton de la poigne de fer et de la relation de force, ne voyezvous pas qu’il éloigne les deux parties du chemin du dialogue ?

Je suis totalement d’accord et je comprends parfaitement ce dangereux piège, c’est pourquoi je vous dis que le temps du dialogue est venu. La position de la France est celle du président et du Premier ministre qui disent qu’il faut être ferme, mais qu’il faut résoudre les divergences par le dialogue. Il faut donc trouver des interlocuteurs du côté algérien pour initier la discussion.

 

C’est pour cela, que nous disions en début d’entretien, que nous avons du mal à cerner la position du centre, car M. Bayrou a parlé de donner un ultimatum à l’Algérie, et le poids de ce mot a été très mal perçu en Algérie, car on ne négocie pas avec des ultimatums, et cette langue a été rejetée par le ministère algérien des Affaires étrangères. Que répondezvous à cela ?

 

On peut dire que c’est un mauvais choix de mots, mais c’était avant tout destiné à la France dans un contexte politique et médiatique très tendu. Ce n’est certainement pas le type de vocabulaire à utiliser lorsqu’on souhaite instaurer une relation calme et respectueuse. Cependant, après avoir utilisé le mot “ultimatum”, il dit immédiatement qu’il laisse du temps, un temps long, pour la discussion. Il faut surtout retenir la deuxième partie de sa phrase. Il faut comprendre que la première partie est destinée à l’opinion publique française, il veut dire : “Je suis ferme”. Les gens attendent de lui de la fermeté, que ce soit sur l’Algérie ou d’autres sujets. S’il n’est pas ferme, il sera critiqué. La deuxième partie de la phrase propose une ouverture, et c’est ce qu’il faut saisir.

Donc, pour répondre à votre question, voilà la différence entre nous et les courants plus à droite. L’aile modérée dit qu’il faut discuter. Tout le monde sait que si l’on veut améliorer les choses dans la relation entre nos deux pays, ce n’est pas en étant tendu qu’on y parviendra. C’est pourquoi je renouvelle mon appel aux autorités algériennes. C’est ce qui manque aujourd’hui, car en France, ceux qui appellent au dialogue se trouvent dans une situation difficile. On leur dit : “Il ne sert à rien de vouloir dialoguer car personne ne vous répond, seule la logique de la force fonctionne”.

 

Depuis le début de la crise, il y a eu des discussions animées à l’Assemblée nationale concernant la relation avec l’Algérie. Comment évaluezvous ce qui se passe ici, à l’Assemblée ?

 

On retrouve dans l’Assemblée nationale la même division qui existe dans l’espace public, certains exploitent la question algérienne dans une logique de politique intérieure, mais c’est aussi le cas pour d’autres sujets.

En réalité, le déclencheur a été, il faut le rappeler, l’attaque de Mulhouse, qui a mis l’Algérie au centre du débat. Ce citoyen algérien qui a commis un meurtre n’aurait pas dû être en France si l’Algérie avait respecté ses engagements. Ainsi, pour les Français, la responsabilité de l’Algérie est en jeu. Au parlement, certains groupes appellent à la désescalade, tandis que d’autres ne voient que la relation de force comme solution. Nous devons leur prouver qu’ils ont tort.

 

Beaucoup parlent de l’accord de 1968, pouvezvous nous dire ce que pense l’aile modérée à ce sujet ? Estil révisable ? Doitil être abrogé ? Certains disent qu’il accorde des privilèges aux Algériens, d’autres affirment qu’il est vide de sens ?

 

Oui, il accorde des privilèges sur certains points, mais pas sur d’autres, certains aspects ne sont pas avantageux pour les Algériens. Quoi qu’il en soit, ma position est simple, c’est celle du président de la République, qui a toujours fait preuve de sagesse sur ce sujet. La position, je le répète ici, est que tout accord entre deux parties doit être renégocié entre les deux parties.

 

Avezvous une vision précise de ce qui devrait être modifié dans cet accord ?

 

Cela dépendra de l’évolution de la crise. Si nous continuons dans une dynamique d’escalade, il sera difficile de trouver un accord avec un contenu privilégié. Mais je ne l’espère pas, bien sûr.

 

Vous parlez de la possibilité d’une escalade… Sommesnous à l’aube d’une rupture, par exemple ?

 

Non, ce n’est pas inévitable, sinon nous ne serions pas là. Mais si chaque fois nous ajoutons une nouvelle carte dans la stratégie de la force, et étant donné qu’il est évident que personne ne cédera, il ne restera plus beaucoup à discuter. Il ne faut pas tomber dans ce piège.

Cependant, comme je vous l’ai dit au début, il ne faut pas restreindre notre vision de la relation à un aspect étroit. Nos deux pays ont besoin l’un de l’autre. Il y a encore beaucoup de belles pages à écrire ensemble. C’est pourquoi je ne peux pas répondre de manière catégorique à la question de ce qu’il faudrait changer dans les accords de 1968. Si demain il y avait une rencontre entre les présidents et on disait : “D’accord, avançons ensemble”, tout changerait.

Il faut garder à l’esprit que la circulation des personnes est très dense entre nos deux pays. Cet échange, s’il est sécurisé, est une richesse. Je ne vois pas de volonté, de part et d’autre, de bloquer ou de réduire cela. Au contraire, plus les échanges sont nombreux, plus nos pays se renforcent.

 

Je voudrais aborder la question de la mémoire entre nos deux pays. Je commence par une question spécifique : avezvous été choqué par le retrait d’un documentaire qui devait être diffusé sur une chaîne publique française, qui traite de l’utilisation des armes chimiques par l’armée française pendant la guerre de libération algérienne ?

 

Je ne sais pas s’il a été retiré de la programmation, je n’ai pas les détails.

 

Il a été retiré, selon la chaîne, et beaucoup parlent de raisons politiques.

 

S’il a été retiré, nous ne pouvons pas encore parler de censure. À mon retour de voyage, je me rapprocherai de France Télévisions pour comprendre les raisons.

Je pense que lorsqu’un programme est retiré de la programmation, s’il y a des raisons valables, il sera rediffusé, mais si c’est pour des raisons politiques, ce serait un véritable problème. Mais quoi qu’il en soit, tout le monde parle de ce documentaire. Les journaux algériens en parlent, nous en parlons ici, donc, même sans sa diffusion, le sujet fait déjà du bruit. Dans ce genre de situations, on obtient souvent l’effet inverse de ce que l’on voulait en retirant un sujet sensible de la programmation.

 

Soutenezvous, par exemple, la diffusion de ce documentaire à l’Assemblée nationale pour sensibiliser les députés à cette question (l’utilisation des armes chimiques en Algérie) ?

 

Si le documentaire repose sur des bases historiques solides, et c’est apparemment le cas selon ce que j’ai lu dans des sites comme Télérama et El Watan (désolé, je ne lis pas l’arabe), il a pleinement sa place dans le débat public, car il existe une réalité historique forte, il a pleinement sa place dans le débat public. Aujourd’hui, les moyens de communication sont tels que nous ne pouvons vraiment empêcher la diffusion de contenu.

 

Je parle de le projeter ici à l’Assemblée nationale comme cela a été fait par exemple pour le film sur le 7 octobre (déluge d’AlAqsa) ?

 

Oui, bien sûr. Mais je préfère d’abord que la situation entre les deux pays se calme, et ensuite nous pourrons le faire, dans un esprit de respect et de recherche de vérité commune. Je ne souhaite pas le faire dans des circonstances qui ajouteraient encore à la crise, bien entendu.

 

Le retrait du documentaire coïncide aussi avec ce qui s’est passé avec JeanMichel Aphatie. Il a fait des déclarations sur la période de la colonisation et a comparé le nazisme aux crimes coloniaux… Que pensezvous de ce qu’il a dit ?

 

J’ai écouté ses déclarations. JeanMichel Aphatie s’exprime librement où il veut et quand il veut. C’est son rôle de journaliste, et il est souvent provocateur pour ouvrir la porte à des débats.

 

Soutenezvous Aphatie face aux attaques qu’il subit ?

 

Je soutiens la personne qui est honnête. Sa comparaison n’est pas juste d’un point de vue historique.

 

Pourquoi ?

 

Parce que nous avons deux situations différentes.

 

Mais durant la période coloniale française, il y a eu des massacres terribles, des enfumades de populations et des exterminations dont parlent les historiens ?

 

Bien sûr, des crimes ont été commis. Mais les deux situations diffèrent par leur nature. On ne peut pas utiliser des termes qui s’appliquent à l’une ou l’autre situation. Cela dit, c’est un chroniqueur, il donne son avis.

 

Benjamin Stora, l’historien spécialiste de l’Algérie, défend Aphatie en disant que le nazisme était l’élève du colonialisme ?

 

C’est un point de vue. Mais ce sont deux projets et vérités historiques différentes. Chacun donne son avis, et on peut ne pas être d’accord avec lui. Mais cela ne signifie pas qu’il faille lui retirer la liberté d’expression.

 

Peutêtre que vous n’êtes pas d’accord avec lui, mais le soutenezvous après la sanction qu’il a reçue ? On peut être en désaccord, mais défendre la parole de l’autre, n’estce pas ?

 

Bien sûr, je défends la liberté d’expression. Personnellement, j’ai introduit à l’Assemblée nationale des amendements à une décision demandant au gouvernement français de reconnaître clairement et d’indemniser les victimes des essais nucléaires. Cela remonte maintenant à 65 ans et la question n’est toujours pas réglé.

Il en va de même pour les mines. Il y a 11 millions, presque 12 millions de mines qui ont été posées durant la période coloniale. La France, après quelques années d’indépendance, a fourni une carte des mines, mais elle n’a pas agi concrètement. J’ai demandé au gouvernement français de traiter la question des mines et de reconnaître leur existence. Dans ces affaires, nous devons assumer ce que nous avons fait dans l’histoire, et la question des armes chimiques est de la même nature, elle exige reconnaissance et indemnisation.

 

Ce que vous dites est très important. Soutenezvous la reconnaissance des crimes commis pendant la période coloniale ? Soutenezvous une reconnaissance complète, et non au compte gouttes ?

 

Je salue le travail de Benjamin Stora. J’espère que nous pourrons construire une mémoire qui nous englobe tous et une narration commune. Tant que chacun restera dans sa version propre des événements, la mauvaise compréhension persistera et empêchera toute construction sereine et productive.

 

Vous parlez de mémoire et de narration commune… mais ne pouvonsnous pas mettre la victime et le bourreau sur un pied d’égalité ?

 

Je ne les mets pas sur un pied d’égalité. Je dis que nous devons être capables, surtout après plus de 60 ans, d’écrire une histoire commune. La commission des historiens, dirigée par Benjamin Stora, allait dans ce sens. Mais il faut aussi accompagner cette approche d’un projet pour l’avenir, et les possibilités sont immenses.

Nous ne pouvons pas voir que l’aspect historique et nous limiter à la dimension mémorielle. Si c’est pour détruire et continuer à semer des divisions, je ne vois pas l’intérêt… Bien sûr, il y a un intérêt, mais je veux dire que cela serait quelque peu destructeur.

 

Faisons les deux. Construisons un avenir. Il y a beaucoup à construire ensemble. Le monde ne va pas bien. Nous avons besoin de partenaires solides et coopérants. Et dans ce cadre, la relation francoalgérienne est essentielle.

Je vis à Mulhouse où il y a un très grand nombre de Français d’origine algérienne. Je parle avec eux chaque jour. Je suis toujours du côté des Algériens, des Turcs, des Marocains dans ma ville. Le monde est ainsi. Il est diversifié et s’enrichit par sa diversité.

Et moi, là où je vis, en fraternité avec tous les Algériens, je ne trouve pas qu’ils aient un problème avec les Français. Il ne faut pas confondre la relation entre les deux États et la relation quotidienne entre les citoyens. Les tensions sont d’abord politiques. Ne laissez pas nos citoyens supporter ces tensions.

 

Alors, comment voyezvous une issue à cette crise entre l’Algérie et la France ?

 

Cela dépend aussi des Algériens.

 

Seulement des Algériens ?

 

Non, bien sûr que non. Mais c’est un appel que je lance à ceux qui sont prêts en Algérie à commencer un dialogue. Il y a deux options : répondre dans le même ton et nous savons où cela mène, c’estàdire à la catastrophe, ou choisir la voie de la sagesse et renforcer un partenariat extrêmement prometteur. Je fais ce premier pas, comme l’a fait JeanNoël Barrot, le ministre des Affaires étrangères. J’espère que les personnalités algériennes feront de même pour sortir de l’affrontement qui nuit à nos citoyens et à l’intérêt de nos deux pays.

Si nous continuons dans la surenchère, ce qui va se passer, c’est que les relations économiques se détérioreront, nos relations en Afrique, par exemple, deviendront plus complexes. Il y aura aussi des conséquences sur le climat social. Les personnes que la France veut expulser et que l’Algérie doit récupérer resteront ici. Le nombre d’ordres de quitter le territoire français qui ne sont pas exécutés augmentera et cela alimentera de nouvelles tensions.

Ce que je dis, c’est que dans ce jeu, tout le monde perd. Il faut sortir de cette spirale. Montrer de la fermeté peut être utile à court terme pour exprimer sa détermination, mais il faut savoir comment ouvrir une porte de sortie par le haut. C’est ce que je propose. J’espère qu’on m’écoutera.

 

La position de la France sur la question du Sahara occidental a également provoqué une crise entre les deux pays. Pourquoi, à votre avis, Paris atil adopté une position contraire à la légitimité internationale ?

 

C’est une question qui relève directement de la compétence du président de la République, et il a eu l’occasion d’exprimer son opinion sur ce sujet. Je n’ajouterai rien d’autre, car nous ne sommes pas dans le cadre des relations francoalgériennes, même si c’est à l’origine de cette détérioration.

 

Mais s’il devait y avoir une réaction, je ne pense pas qu’elle aurait dû se faire au détriment des accords conclus entre les deux pays ou du droit international. Par exemple, ne pas récupérer certains citoyens algériens qui sont en situation irrégulière alors que le droit international et les accords bilatéraux prévoient leur retour, cela ne me semble pas une réponse appropriée. Je comprends que cela pose problème en Algérie et que cela ait provoqué malentendu et colère, mais la réponse n’aurait pas dû se faire par la pression sur d’autres aspects de nos relations.

 

Pourquoi parleton autant des ordres de quitter le territoire français des Algériens, alors qu’il y a un nombre similaire de Marocains et d’autres nationalités ?

 

Non, il y a un nombre bien plus important d’Algériens.

 

Je parle du taux de retour, qui est plus élevé pour les Algériens, selon une présentation faite par Mme Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale ?

 

Cela peut être le cas… Mais si nous prenons Mathilde Panot comme référence, je ne suis pas sûr d’obtenir la vérité. Je ne sais pas ce qu’elle a dit sur l’Algérie, mais il y a souvent beaucoup de manipulation et d’erreurs. Mais je vais essayer d’expliquer pourquoi on parle autant de l’Algérie. Il y a eu la question du Sahara occidental, et il y a eu cette personne qui a mis l’Algérie sur le devant de la scène, car ce citoyen faisait l’objet de 14 demandes d’expulsion, et s’il avait été récupéré par l’Algérie, la tragédie de Mulhouse ne serait pas survenue. Donc, l’Algérie a été mise en avant par rapport aux autres pays. Cela ne veut pas dire que ce problème n’existe pas avec le Maroc ou la Tunisie. Et puis, il y a la volonté de faire de ce cas un modèle pour renforcer la position du pouvoir en France. Mais ici, on parle surtout d’un sujet françaisfrançais. Les autorités algériennes ne doivent pas tomber dans le piège.

 

Vous dites que c’est une question francofrançaise ?

 

Bien sûr, en grande partie. Vous le prenez en Algérie comme étant dirigé contre vous, ce qui est naturel. Mais c’est une question qui est utilisée, comme je l’ai dit dans une grande partie, dans le débat politique français. C’est un moyen d’établir des lignes de fracture politique. Donc, si cela avait été un autre sujet, un autre pays, ou un autre moment, les réactions internes auraient été les mêmes.

 

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déclaré il y a peu que l’Algérie refuse d’être utilisée comme un sujet pour la politique intérieure française. Autrement dit, l’Algérie ne veut pas être exploitée ?

 

Je comprends cela. Mais tout le monde ne suit pas cette approche ni n’utilise ce sujet comme un élément de la politique intérieure. Certains le font, moi je ne le fais pas. Ce qui m’importe, c’est la relation entre les deux pays, en particulier la relation entre les citoyens des deux pays.

 

Y atil des mesures que les parlements français et algérien peuvent prendre ? Y atil des contacts ?

De mon côté, cela fait deux mois que je fais des démarches pour proposer un dialogue parlementaire. Ma dernière initiative est une lettre que j’ai envoyée à mon homologue, président de la commission des affaires étrangères au parlement algérien, lui proposant qu’une délégation de députés français visite l’Algérie pour en discuter avec lui et avec les autorités algériennes dans le cadre parlementaire.

Je crois beaucoup à la diplomatie parlementaire. Je l’ai pratiquée avec succès dans d’autres instances. La diplomatie parlementaire est une excellente voie, surtout quand les relations entre les autorités exécutives sont tendues ou même bloquées, car les parlementaires représentent les citoyens. Ils n’ont pas les mêmes objectifs et disposent d’une plus grande flexibilité pour agir.

Et puisque les citoyens des deux pays se parlent et aiment vivre ensemble, je pense que leurs représentants peuvent ouvrir un chemin vers un avenir serein, ce que souhaite la grande majorité de nos citoyens.

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