Nous allons à Paris pour récupérer les archives, et non pour dialoguer

Lahsen Zeghidi, coprésident de la commission algérofrançaise de la mémoire, a demandé au côté français de mettre en œuvre les accords du cinquième réunion de la commission. Lors d’une interview télévisée jeudi soir, il a adressé un message à ses homologues français au sein de la commission, ainsi qu’aux autorités françaises, pour établir un calendrier pratique et concret concernant la restitution des archives et des biens spoliés durant la période coloniale française en Algérie, y compris ceux datant de la période ottomane.
Zeghidi a précisé que la partie algérienne avait exhorté la partie française, lors d’un déjeuner organisé par Mme AnneClaire Legendre, conseillère du président Emmanuel Macron pour l’Afrique du Nord et le MoyenOrient (en marge de la quatrième session), à surmonter les obstacles législatifs qui considèrent que toutes les acquisitions mobiles provenant des colonies appartiennent à la France. « Nous avons insisté pour qu’un décret présidentiel soit émis à cet égard, ce qui a suscité des réactions » atil déclaré en référence aux voix opposées à la restitution des archives et des biens spoliés.
Il a ajouté que la délégation algérienne se rendrait à Paris (pour participer à la sixième session, décidée après un appel téléphonique entre les présidents des deux pays), afin de concrétiser les accords du cinquième tour. « Nous allons à Paris pour récupérer les archives, pas pour dialoguer ou discuter, en plus de mener une mission pour examiner les zones du sud de la France où les archives n’ont pas encore été inspectées. »
Zeghidi a évoqué les progrès réalisés lors du dernier tour, où des objets provenant du célèbre musée du Louvre ont été examinés, ajoutant que la délégation algérienne avait été stupéfaite par le contenu des archives, qui comprenaient des biens algériens dans 19 institutions françaises (bibliothèques nationales, musées, etc.) qui ont été inspectées lors de la dernière mission de la commission en France, laquelle a duré 10 jours.
Il a révélé que les demandes de la partie algérienne étaient fondées et bien établies, en présentant des données sur ce qui avait été pillé par les Français. « Nous les avons mis face à la réalité sans aucune objection ou dénégation de la part de l’autre partie, et ils ont répondu à la pression de la partie algérienne. »
Zeghidi a rappelé l’accord convenu pour la restitution de plus de deux millions de documents d’archives (copies numérisées) et de tous les biens et objets datant d’avant la colonisation (1830), notamment des armes comme des canons, des archives papier et des objets ayant une grande valeur symbolique pour les Algériens, qui ont été pillés du palais du Dey. Il a souligné que la partie algérienne restait ferme sur la restitution de tout ce qui concerne les objets du Dey. « Nous avons informé la partie française que nous ne ferions aucune concession, même pas pour un stylo, ainsi que pour les objets de l’Emir Abdelkader (son manteau, son coran, ses épées, ses canons), » atil précisé. « Nous avons vu des canons gravés en arabe et portant le sceau de l’Algérie. »
Zghidi a indiqué que la partie algérienne s’était appuyée sur un rapport du consul américain au moment de la chute de la ville d’Alger, fourni par le Dr Ali Tablit, soulignant le soutien des historiens algériens à leur mission. « Pas moins de 300 historiens, chercheurs et experts algériens ont participé à soutenir la délégation algérienne au sein de la commission de la mémoire. » Il a ajouté : « Nous avons reçu des informations et des données de la part d’historiens, chercheurs et experts algériens en Algérie et à l’étranger, ce qui a renforcé notre argumentation face à la partie française. Ces données ont mis en lumière des éléments que nous ignorions. »
Il a mentionné que le quatrième tour des travaux de la commission, le plus long, a permis à la partie algérienne d’examiner les archives détenues par les centres d’archives français, y compris celles du ministère de la Défense. Ce tour s’est conclu par un accord pour créer une plateforme électronique et un échange de chercheurs (15 pour chaque pays) pour effectuer des recherches chez l’autre partie.
Concernant la demande de reconnaissance et de réparation, le historien algérien a indiqué que des démarches étaient en cours. « Nous avons travaillé pour obtenir une reconnaissance scientifique des crimes, ce que nous avons obtenu. Après cette reconnaissance scientifique, il ne reste plus qu’au politique de le reconnaître, » atil ajouté, soulignant que la partie française serait obligée de reconnaître ces crimes.