Les revendications d’un gouvernement à vocation politique resurgissent
Au cours des dernières décennies, l’Algérie a connu un recours croissant à des responsables ayant une formation en administration pour occuper des postes de responsabilité dans les secteurs ministériels, au détriment de ceux ayant une doctrine partisane et de tendance idéologique. Ce qui est en fait un choix mondial, puisque les Etats sont gérés comme des entreprises par les diplômés des écoles d’administration et des instituts techniques. Cependant, cette tendance se heurte à une réalité algérienne douloureuse.
La situation des partis politiques et leur performance en matière de formation se sont détériorées, leur influence a diminué, et ces partis ne produisent que rarement des compétences politiques.
Ils ne fournissent plus de compétences politiques, sauf dans de rares cas, et dans des cas soumis aux règles du favoritisme et du clientélisme, puisque les personnes destinées pour les postes gouvernementaux sont proposés par les chefs de partis sur la base d’autres critères, privilégiant la loyauté tribale, régionale ou d’intérêt, plutôt que la compétence, l’expérience et l’intégrité.
Le président Tebboune a toutefois ouvert la porte aux dirigeants politiques en leur permettant de proposer des cadres partisans pour le futur gouvernement, qu’il devrait annoncer avant la fin de l’année. Il a exprimé sa volonté d’inclure les meilleures compétences nationales, affirmant lors d’un entretien télévisé qu’il ne s’opposait pas à ce que des cadres partisans occupent des postes ministériels dans le futur gouvernement.
Cependant, il a insisté sur le fait que les partis politiques qui l’ont soutenu durant la campagne présidentielle n’auraient aucune influence sur la formation de ce gouvernement. Les dirigeants de certains partis progouvernement ont évité de discuter publiquement de la question de l’obtention de postes dans le gouvernement à venir, arguant que la composition du gouvernement relève des prérogatives constitutionnelles exclusives du Président. Toutefois, après les élections, ces partis n’ont pas manqué de rappeler leurs rôles dans ce processus, laissant ainsi entendre qu’ils s’attendaient à des récompenses en contrepartie.
Incertitudes sur les ambitions du MSP et du FFS
Le flou persiste quant à la position de l’opposition sur une éventuelle participation au gouvernement, bien que des rapports indiquent que des représentants de forces politiques, y compris des indépendants et des opposants présents au Parlement, pourraient être inclus dans la future formation gouvernementale.
Malgré les rumeurs sur un prétendu accord entre la direction actuelle du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) et le pouvoir, les dirigeants du parti ont affirmé qu’ils restaient dans l’opposition et qu’ils avaient dépassé la phase de simple participation au gouvernement pour celle d’un partenariat, incluant des postes clés, dont celui de ministre.
Un membre du gouvernement actuel, issu d’un parti politique, a été félicité lors d’une session parlementaire précédente pour la manière dont il a répondu aux questions des députés, en abordant les problèmes soulevés de manière spontanée et approfondie, sans s’appuyer excessivement sur des réponses préparées à l’avance.
En réponse, le député qui avait posé la question a déclaré : « Le Président a bien fait de faire appel à des responsables politiques plutôt qu’à des technocrates. Pourquoi ? Parce que ce responsable issu de la classe politique est souvent celui qui affronte les problèmes et les absorbe, contrairement aux technocrates, qui bien que compétents, sont souvent maladroits dans leur communication».
Cette position reflète une tendance générale au sein de la classe politique, qui manifeste un désir pressant et explicite de revenir à un modèle de gouvernements composés de cadres partisans ayant une longue expérience dans la lutte politique et maîtrisant mieux les outils de communication politique et l’interaction avec la population que les technocrates, souvent enclins à des réponses techniques et à la lenteur dans la prise de décisions en raison de leur formation administrative.
Les partisans de ce retour des ministres politiques avancent un argument en faveur de leur cause, affirmant que ces derniers sont moins impliqués dans des affaires de corruption et de mauvaise gestion par rapport aux technocrates, qui ont souvent été poursuivis en justice ces dernières années (les secteurs de l’industrie et de l’eau en sont des exemples).