Étude : Cinq défis attendent les Syriens
Une étude analytique réalisée par le Centre arabe de recherche et d’études politiques a identifié les principaux défis auxquels la Syrie sera confrontée dans sa phase de transition, suite à la chute du régime d’Assad.
Selon le rapport, le nouveau gouvernement dirigé par Mohammed AlBachir, formé pour gérer le pays pendant une période de transition jusqu’au 1er mars 2025, fait face à plusieurs défis majeurs. Ceuxci incluent des problématiques politiques, sécuritaires et économiques, ainsi que des défis liés à l’entité sioniste, à la construction de relations avec les voisins et à la reconnaissance internationale, sans oublier la levée des sanctions économiques.
Les auteurs de l’étude soulignent qu’en dépit de l’absence de violations à grande échelle, en comparaison avec d’autres pays, il est crucial de restaurer l’ordre et la sécurité. Ils notent également la responsabilité de la société syrienne et la capacité des factions de l’opposition à reprendre rapidement le contrôle et à rétablir la tranquillité. Pour ce faire, il est indispensable de créer de nouvelles institutions de sécurité basées sur l’intérêt public, le respect des droits de l’homme et la protection des libertés individuelles.
L’étude mentionne également les multiples groupes armés actifs en Syrie, notamment les Forces démocratiques syriennes (FDS), l’Armée syrienne libre soutenue par les ÉtatsUnis, les factions du sud dirigées par Ahmed AlOudeh, et celles du nord soutenues par la Turquie. Ces groupes représentent un obstacle majeur à la souveraineté de l’État syrien. Le rapport souligne l’importance de restaurer l’intégrité territoriale de la Syrie et de gérer les menaces posées par des groupes djihadistes comme Daech.
Il est aussi essentiel, selon l’étude, d’établir un système de justice transitionnelle permettant de juger les responsables des crimes de guerre et de compenser les victimes. Un tel système devrait être soutenu par des lois spécifiques et une gouvernance fondée sur la réconciliation nationale.
Le défi politique principal réside dans la mise en place d’un gouvernement stable et inclusif qui puisse obtenir l’adhésion de la majorité de la population. Cela nécessite un consensus politique impliquant toutes les forces sociales et politiques syriennes. Le rapport met en évidence l’importance de créer un gouvernement qui soit représentatif de la diversité politique, ethnique et religieuse du pays. Il est proposé de former une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle constitution, suivie d’élections basées sur un système politique qui sera défini par cette assemblée.
Le rapport insiste également sur l’importance de reconstruire l’économie syrienne, actuellement en ruines. Près de 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et les infrastructures sont largement détruites. Le rapport appelle à mobiliser toutes les ressources disponibles pour faire face à cette crise et financer la reconstruction, estimée à des centaines de milliards de dollars par des organismes internationaux.
L’une des priorités pour gagner la confiance des Syriens est d’initier des changements tangibles dans leur vie quotidienne, tels que le soutien au retour des entreprises et du capital syrien et la facilitation du retour des Syriens entreprenants dans leur pays.
Un autre défi majeur est l’ingérence de l’entité sioniste, qui a mené des attaques militaires après la chute du régime d’Assad pour détruire les infrastructures militaires syriennes. L’objectif était de rendre la Syrie « désarmée » et d’empêcher la future armée syrienne de se reconstituer. Cela complique la capacité du futur gouvernement syrien à jouer un rôle actif dans les affaires régionales et à défendre son territoire contre les agressions israéliennes.
La Syrie devra également faire face aux défis liés à la levée des sanctions économiques internationales, notamment celles visant le secteur pétrolier et le banque centrale syrienne. La question du statut des groupes armés, tels que Hayat Tahrir alSham, classés comme organisations terroristes par l’ONU, pourrait entraver la reconnaissance internationale du gouvernement d’AlBachir et compliquer ses efforts pour établir des partenariats diplomatiques et économiques.
La question de l’idéologie du nouveau gouvernement, jugée parfois comme salafistedjihadiste, suscite des préoccupations dans certains pays voisins. Cependant, certains pays du Golfe se montrent plus ouverts à la perspective d’une rupture avec l’Iran.