Estil temps de réformer l’accord de partenariat avec l’Union européenne?
Le dossier du partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne est de nouveau abordé, cette foisci dans un contexte économique et politique où les intérêts divergents des deux parties sont en jeu. L’Algérie est contrainte de déployer tous les efforts nécessaires pour réformer la situation, plaçant ses intérêts nationaux en priorité.
Selon l’expert financier et économique, Boubaker Salami, dans une déclaration à “El Khabar”, l’accord de partenariat avec l’Union européenne a été signé dans des circonstances exceptionnelles, l’Algérie étant alors en position de faiblesse. Il critique le fait que l’étude initiale n’a pas suffisamment pris en compte la préservation des intérêts économiques de l’Algérie, conduisant à un déséquilibre persistant en faveur de l’Union européenne. Salami souligne que les importations croissantes et les exportations en baisse de l’Algérie, notamment en dehors des hydrocarbures, ont largement bénéficié à l’Union européenne, entraînant des pertes financières significatives pour l’Algérie, d’environ 20 à 30 milliards de dollars, “quel que soit le chiffre, le déséquilibre entre les parties à l’accord est clairement évident” atil déclaré.
Il mentionne également les efforts récents de l’Algérie sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune pour rééquilibrer la situation en exprimant la volonté de réviser les termes de l’accord afin de préserver les intérêts des deux parties. Salami insiste sur la nécessité que tout accord économique soit mutuellement bénéfique, soulignant que la révision est désormais une priorité absolue.
Selon lui, la révision de l’accord est inévitable et devrait aboutir à un compromis satisfaisant pour les deux parties, car les conditions économiques et géopolitiques ont changé depuis la signature initiale. Ces indicateurs positionnent l’Algérie favorablement pour protéger et défendre ses intérêts avec vigueur. Il est par conséquent nécessaire pour la partie algérienne d’exploiter sa position de force selon une logique de réciprocité lors des rounds de négociations et de dialogues pour corriger les erreurs passées, en présentant un dossier solide avec des justifications difficiles à rejeter par l’autre partie.
Abordant les étapes pratiques pour atteindre cet objectif, l’expert économique a expliqué que cela commençait par l’expression par l’Algérie de sa volonté de réviser les clauses de l’accord et de présenter un dossier complet contenant toutes les justifications et raisons de son acceptation, ainsi que des alternatives aux clauses concernées par la révision et une vision de l’Algérie à cet égard. Il prévoit que cela sera suivi de rencontres, de rounds de négociations et d’une étude approfondie des raisons du côté européen. Bien que Salami n’exclue pas que le processus puisse prendre du temps, il s’attend à ce que la révision de l’accord soit finalement achevée, étant donné que toutes les données et indicateurs soutiennent la position de l’Algérie. Par conséquent, poursuivre son application signifierait continuer à épuiser les revenus publics (en termes de concessions fiscales et semifiscales) en faveur de la partie européenne.
De son côté, l’expert économique Abderrahmane Aya est revenu sur les circonstances entourant la signature de cet accord par l’Algérie, marquée par une période caractérisée par la sortie des réformes du Fonds monétaire international et une situation politique tendue. Cela a poussé l’Algérie vers une politique d'”ouverture” aux marchés internationaux au détriment de ses intérêts économiques, traduite à l’époque à travers cet accord, ainsi que par le chemin ardu vers l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce.
Le traitement par la partie européenne de cet accord n’était pas exempt de considérations politiques à cette étape particulière. Aya a souligné que l’accord de partenariat a été signé en 2005 avec une application finale prévue pour 2015, mais a été reporté successivement jusqu’en 2017, puis 2020 et ensuite 2021. Ainsi, toute divergence par rapport à ce cadre pourrait être liée à la position de l’Algérie sur des questions majeures telles que son soutien à la cause palestinienne, ainsi que d’autres lectures concernant les efforts récents de l’Algérie pour rejoindre le groupe BRICS
Aya a également mentionné que la partie européenne ne respectait pas certaines clauses de l’accord, notamment celles liées à la libre circulation des personnes, faisant référence au dossier des visas pour les Algériens. De plus, il a souligné le désintérêt des pays de l’Union européenne à engager d’importants investissements en Algérie, malgré la reconnaissance par notre interlocuteur de certaines difficultés dans ce domaine, notamment la bureaucratie excessive et la faiblesse de la numérisation. L’Union européenne s’est contentée plutôt de transformer l’Algérie en un simple marché d’importation pour ” de tout et n’importe quoi”.
En réponse à la question de savoir s’il était préférable de réviser ou d’annuler l’accord, l’expert économique a affirmé que l’annulation est préférable mais pas définitive, afin de le reformuler complètement à la lumière des données actuelles, considérant qu’une révision partielle pourrait maintenir certains effets négatifs de l’accord initial.