Dette de l’Algérie aux hôpitaux français: Paris reconnaît que l’Algérie s’acquitte de ses dettes
Le ministre français des Affaires étrangères, JeanNoel Barrot a annoncé que l’accord migratoire de 1968 sera soumis à des discussions avec la partie algérienne en temps voulu. En réponse à une question d’un député du groupe Horizons et Indépendants à l’Assemblée nationale française, il a précisé que les deux pays étaient parvenus, lors de la réunion de la Commission mixte en 2022, à activer la commission bilatérale pour suivre la mise en œuvre de cet accord, en vue d’une quatrième révision.
Lors de la session de questions au gouvernement mercredi dernier, Barrot a rappelé que cet accord, qui offre un cadre particulier pour les ressortissants algériens en ce qui concerne la résidence, le travail et les déplacements entre la France et l’Algérie, tout en accordant des privilèges à certaines catégories, a été révisé trois fois, en 1985, 1994 et 2001. Il a ajouté que les deux pays étaient d’accord sur la possibilité de le mettre à jour, mais que cela dépendait du rétablissement de relations plus apaisées entre les deux nations.
Le ministre a également été interrompu par des voix du groupe d’extrême droite, appelant à l’annulation de l’accord, accusant le gouvernement français de faiblesse. Le député à l’origine de la question a estimé qu’il n’était pas approprié de suspendre l’accord. Ces réactions ne sont pas surprenantes, car elles coïncident avec les déclarations de la présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, qui a suggéré d’annuler l’accord de 1968 et d’imposer d’autres sanctions contre les Algériens.
Barrot n’a pas répondu directement aux objections des députés d’extrême droite, se contentant de déclarer que le gouvernement français veillera, le moment venu, à défendre au mieux les intérêts de la France et de son peuple.
En réponse à une autre question, Barrot a révélé que 5420 migrants algériens en situation irrégulière avaient été expulsés de France entre 2020 et 2023. Il a ajouté que 2023 avait enregistré le plus grand nombre d’expulsions, avec 2562 personnes, contre 1976 en 2022, 754 en 2021 et 828 en 2020.
Concernant les plaintes sur le traitement de ressortissants algériens dans les aéroports français, le porteparole du ministère des Affaires étrangères a confirmé que l’ambassadeur de France à Alger avait été convoqué cette semaine par les autorités algériennes suite à des accusations de mauvais traitement. L’ambassadeur a pris note de cette demande et l’a transmise à Paris.
L’exambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a dans un autre contexte, défendu le droit des services de la police des frontières françaises d’interroger tout étranger entrant et de vérifier le but de sa visite.
L’Algérie a de nouveau été évoquée dans les débats au Sénat, cette foisci concernant les allégations selon lesquelles les autorités françaises affirment que l’Algérie n’a pas réglé les factures dues aux hôpitaux français.
Le ministre de la santé dément les déclarations de Knafo
Le responsable français est allé dans le sens de la version rapportée par l’agence de presse algérienne en réponse aux informations erronées circulant en France, notamment celles de la députée européenne Sarah Knafo. Il a précisé que la dette de l’Algérie envers les hôpitaux français s’élevait à 2,58 millions d’euros, ce qui est considéré comme une situation “très acceptable” par rapport au montant total des factures dues par l’Algérie pour la période allant de 2007 à 2024, soit 150 millions d’euros.
Ce montant est proche des estimations algériennes, qui font état de 2.537.194,23 euros (frais d’hospitalisation de 2018 à 2024), précisant que 93.700.815,64 euros ont été payés aux hôpitaux français pour la période de 2010 à 2019, et au moins 23.263.322,55 euros pour la période de 2020 à 2024.
L’agence de presse algérienne a accusé la partie française de bloquer les travaux de la commission mixte chargée de régler ces dettes, rappelant que l’Algérie n’envoie plus ses ressortissants vers les hôpitaux français.
Stora : c’est la plus grande crise avec l’Algérie depuis l’indépendance
L’historien français Benjamin Stora a qualifié la crise actuelle des relations francoalgériennes de la plus grave depuis l’indépendance de l’Algérie, dépassant même la crise de 1971, liée à la nationalisation des hydrocarbures. Stora a exprimé des regrets quant au blocage des travaux de la commission des historiens et a renouvelé ses critiques des déclarations de l’écrivain francoalgérien Boualem Sansal concernant les frontières historiques de l’Algérie.