Darmanin agite la “menace” des visas
Les déclarations hostiles des ministres du gouvernement d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie se poursuivent, et s’alignent de plus en plus avec l’extrême droite. Mais des voix modérées s’élèvent, malgré le blocus médiatique qui leur est imposé, pour alerter sur les conséquences de ces politiques aveugles des élites au pouvoir et des forces de droite sur l’avenir des relations entre les deux pays.
Dans ce contexte, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a rejoint la campagne pour soutenir ses amis au gouvernement, menaçant unilatéralement d’annuler le protocole de 2013, qui permet aux titulaires de passeports diplomatiques algériens de voyager en France sans visa, comme une des « cartes » sur lesquelles Paris compte miser dans son escalade contre l’Algérie.
Le ministre français a précisé que cet accord, en vigueur depuis dix ans, permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de se déplacer librement sur le sol français sans visa. Selon Gérald Darmanin, « des milliers » d’entre eux bénéficient de cet arrangement spécial.
Dans un effort pour diviser les Algériens et “inciter” de manière indirecte, Gérald Darmanin a déclaré que cette mesure visait principalement les élites algériennes, c’estàdire les élites politiques et administratives du pays, tout en précisant qu’elle « n’affecterait pas les Algériens ou les Français ayant des relations économiques, sociales ou culturelles avec la France ».
Au milieu de cette offensive sans précédent, des voix modérées en France se sont élevées, comme les récentes déclarations de l’ancienne candidate à la présidence, Ségolène Royal, qui a appelé à la détente, rappelant le passé violent de son pays en Algérie, et soulignant la nécessité de bâtir des relations stables, affirmant que la France avait une dette envers l’Algérie au regard de ce que les Algériens ont subi durant la période coloniale.
De son côté, la députée du parti La France Insoumise, Ersilia Soudais, a répondu aux propos de l’exministre Gabriel Attal, qui avait appelé à une politique plus dure, ou ce qu’il a appelé des relations de force avec l’Algérie. Elle a déclaré : « Vous n’avez pas eu le même langage quand Israël ne nous a pas respectés, surtout lorsqu’il a attaqué notre gendarmerie et nos journalistes ». Elle a ajouté : « Votre discours visàvis de l’Algérie ne révèletil pas votre profonde orientation antiislam (islamophobie) et votre défense du colonialisme ? ». Ce sont des points de vue que la France officielle tente de réprimer, en cherchant à imposer un seul discours.
Dans ce cadre, l’exministre et diplomate Abdelaziz Rahabi a déclaré que la rhétorique belliqueuse et arrogante de nombreux ministres français des Affaires étrangères et de l’Intérieur visàvis de l’Algérie s’apparente davantage à des « gesticulations » qu’à une véritable crise diplomatique, en l’absence de toute raison sérieuse justifiant la mobilisation de tous ceux qui détestent l’Algérie en France.
Rahabi a ajouté qu’« Ils ont cherché et réussi à faire de l’Algérie une priorité dans leur agenda politique, sans réaliser que cela conduirait inévitablement à des crises répétées et à des conflits de souveraineté entre les deux pays ».