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Le Mali instrument dans une bataille géopolitique qui le dépasse

Les nouvelles prises de position des autorités maliennes, à la suite de la destruction par l’Algérie d’un drone que le système de défense national avait jugé être en posture offensive, sont pliés à un contexte de crise prolongée de positions et d’événements depuis le coup d’État contre le président malien en mai 2021. Pour l’Algérie, l’exigence d’un retour à l’ordre constitutionnel représentait une nécessité, en cohérence non seulement avec ses principes, mais également avec la décision de l’Union africaine qui condamne les coups d’État et suspend l’adhésion des pays ayant connu des renversements militaires.

Et bien que l’Algérie se soit dressée en rempart face à une tentative d’intervention militaire, française et régionale, au Mali comme au Niger après le coup d’État contre le président Mohamed Bazoum en août 2021, les autorités ayant pris le pouvoir à Bamako n’ont pas su apprécier cette position algérienne. Elles ont par la suite formulé des accusations véhémentes à l’encontre d’Alger, l’accusant d’ingérence dans les affaires intérieures maliennes, après que l’Algérie a accueilli l’imam Mohamed Dicko. Des accusations rejetées fermement par Alger, qui a, au contraire, cherché à adopter une approche constructive avec les autorités maliennes, comme en témoigne la visite du ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf à Bamako et sa rencontre avec Assimi Goïta pour explorer des issues à la crise et proposer son aide.

À la fin de l’année 2023, les autorités maliennes, qui avaient auparavant fait appel aux mercenaires de Wagner, ont annoncé l’annulation de l’Accord d’Alger pour la paix, signé entre Bamako et les mouvements de l’Azawad. Un accord pour lequel l’Algérie avait investi quinze mois d’efforts politiques et de négociations entre toutes les parties. Mais la décision malienne ne s’est pas arrêtée à l’annulation de l’accord ; elle a également consisté à qualifier les mouvements de l’Azawad, parties prenantes de l’accord, d’organisations terroristes, leur déclarant la guerre. L’armée malienne a alors lancé des offensives contre des civils dans le nord du Mali, avec des bombardements sanglants, à l’image de celui mené en août dernier par drone contre des civils dans la région de Tin Zaouatine, à quelques mètres de la frontière algérienne, causant la mort de 20 civils. L’Algérie avait alors saisi le Conseil de sécurité de l’ONU pour demander des comptes et appeler à une action internationale contre les armées privées (mercenaires) dont se servent certains pays. Cette position a provoqué l’irritation de Bamako, suivie d’une crise de déclarations maliennes accusant l’Algérie de soutenir le terrorisme et d’ingérence, notamment celles du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Maïga à New York, auxquelles Ahmed Attaf a répondu en les qualifiant de « propos indignes, d’un langage vulgaire et dépourvu de toute décence ».

Et bien que la phase suivante ait semblé marquée par des signaux positifs, avec l’envoi par l’Algérie d’un nouvel ambassadeur à Bamako, Kamel Retib, suivi par la nomination d’un nouvel ambassadeur malien à Alger, Mohamed Amaga Dolo, dont les déclarations ont laissé penser à une volonté malienne d’amélioration graduelle des relations avec l’Algérie — déclarant vouloir œuvrer à une « feuille de route pour sa mission à Alger visant à renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays », et soulignant que « l’Algérie est un pays frère et ami, avec lequel nous partageons de nombreux liens historiques, géographiques et économiques » — ce rapprochement n’a pas convenu à certains acteurs externes. Ces derniers ne voyaient pas d’un bon œil l’évolution positive des relations entre l’Algérie et le Niger, notamment après la signature de plusieurs accords importants dans les domaines de l’énergie, du développement et du commerce.

Pour le Mali, la partie la plus influente dans le déroulement des événements reste la Russie, qui, bien qu’étant un partenaire stratégique de l’Algérie, ne voit pas d’un bon œil l’opposition constante d’Alger à la présence des mercenaires de Wagner au Mali et dans ses environs, surtout dans un contexte d’ambitions russes sur les mines d’or maliennes et de renforcement de leur position dans la région sahélienne. Cela suffit à expliquer pourquoi la Russie pourrait chercher à empêcher un rapprochement entre Bamako et Alger. Par ailleurs, le Maroc, qui promeut son projet d’accès à l’Atlantique et tente de séduire les pays du Sahel avec ce plan, joue aussi un rôle. À cela s’ajoute, concernant le Niger, la volonté d’entraver le projet de gazoduc NigeriaNigerAlgérie, objectif partagé au minimum par trois parties : la Russie, qui craint qu’un tel projet n’affranchisse l’Europe de sa dépendance au gaz russe, le Maroc, qui propose un tracé alternatif mieux aligné avec ses intérêts, et les Émirats, désireux de financer un itinéraire passant par le Maroc plutôt que par l’Algérie.

De tels enjeux économiques et intérêts vitaux permettent de comprendre clairement deux éléments d’une importance capitale.Premièrement, le pouvoir en place au Mali n’est pas maître de ses choix, lesquels lui sont imposés par plusieurs acteurs cherchant, par tous les moyens, à l’éloigner d’un rapprochement avec l’Algérie et à alimenter la tension entre les deux pays. Cela fait de l’autorité malienne un maillon fonctionnel dans un plan complexe qui la dépasse, un plan où s’entremêlent divers intérêts, au point que le Mali luimême pourrait en devenir la victime à l’horizon.Deuxièmement, l’enchevêtrement des intérêts, la lutte pour l’influence et les nouveaux positionnements stratégiques sont extrêmement dangereux et complexes, au point de viser un bouleversement profond des relations et alliances traditionnelles dans la géopolitique de la région du Sahel.

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