Diaboliser l’Algérie… la tactique de Retailleau pour se maintenir
Bruno Retailleau a porté les valises de tous ceux qui ont occupé la présidence du parti de droite pendant 35 ans, tout cela dans le but de devenir un jour ministre du gouvernement.
Et voilà qu’aujourd’hui, presque par coïncidence, il obtient le portefeuille le plus important (l’Intérieur) d’un parti qui a perdu les élections législatives et est arrivé cinquième, dans un gouvernement qui ne dispose d’aucune majorité parlementaire et est menacé de tomber à tout moment. Existetil une « humiliation » plus grande pour le peuple français que d’imposer un gouvernement qu’il n’a pas soutenu, avec des ministres à qui il n’a pas accordé sa confiance ? Et pourtant, Retailleau accuse l’Algérie d’« humilier » la France.
Il ne se passe pas un jour sans que le ministre de l’Intérieur français, le politicien de droite, n’adresse ses attaques contre l’Algérie, quel que soit le sujet évoqué, qu’il s’agisse des immigrés, du voile ou de la sécurité dans les banlieues. Cela uniquement parce qu’il pense qu’en s’attaquant à l’Algérie, il renforcera sa position, notamment au sein de l’extrême droite et des partisans de l’Algérie française et des piedsnoirs.
Mais pourquoi Rotailleau lancetil des déclarations sur des questions qui devraient être traitées en silence et par les canaux appropriés entre les deux pays ? Rotaio n’arrive pas à croire qu’il soit devenu ministre dans ce gouvernement, car personne, même au sein de son propre parti, les Républicains, ne croyait en ses capacités, comme en témoigne le fait qu’il ait passé des années à être un « serviteur » fidèle, loin des projecteurs. Aujourd’hui, qu’il est ministre, il entend le rester le plus longtemps possible, mais cette possibilité dépend des députés du Rassemblement national de Marine Le Pen, qui conditionnent leur soutien à la réalisation de leurs exigences concernant l’immigration, l’expulsion des immigrés et la suppression des aides médicales. C’est ce qui a poussé Rotailleau à faire dans la surenchère, allant jusqu’à présenter ses condoléances pour la mort de JeanMarie Le Pen, fondateur du Front National.
L’Algérie atelle insulté la France, comme le prétend Retailleau, en renvoyant le FrancoAlgérien qu’elle avait expulsé ? Cette affaire a prouvé que le ministre français de l’Intérieur ne comprend rien aux canaux diplomatiques entre États, ni à la manière dont ils sont activés lors des crises. Il semble croire qu’avec de telles « bravades » devant les médias, il peut faire plier l’Algérie et imposer le fait accompli.
Ce n’est pas la première controverse pour Retailleau. Il y a eu un autre scandale lorsqu’il était sénateur français, en octobre dernier, où il a proposé un projet de loi sur l’immigration qu’il a fait passer facilement dans les deux chambres du Parlement après une alliance entre les députés de droite et de l’extrême droite. Cependant, le Conseil constitutionnel français a rendu un avis de nonconformité sur 32 articles du nouveau projet de loi sur l’immigration parmi les 86 proposés, soit 40 % du texte qui va à l’encontre de la Constitution.
Le Conseil constitutionnel a révélé ce jourlà ses intentions racistes sousjacentes en faveur des partis de droite à l’égard des immigrés, par le biais des modifications qu’il a « imposées » dans la version originale du projet gouvernemental, comme condition pour qu’il soit adopté par le Parlement, avant qu’elles ne soient rejetées, car elles constituaient une violation de l’État de droit.
Ainsi, estil possible qu’une personne qui a échoué à rédiger une loi dont 40 % des articles ont été jugés anticonstitutionnels, puisse gérer le portefeuille de l’Intérieur sans tomber dans ses propres travers ? 35 ans de carrière en politique sont une chose, mais gérer les affaires publiques en est une toute autre.