Retailleau ne respecte pas la culture de l’État visàvis de l’Algérie
Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps depuis les déclarations provocatrices du président français à l’égard de l’Algérie, suite à l’emprisonnement de l’écrivain francoalgérien Boualem Sansal, que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est exprimé ce vendredi avec des propos totalement dépourvus de culture d’État. Il a évoqué les options possibles pour gérer le refus de l’Algérie, ce jeudi, d’accueillir l’un des influenceurs poursuivis en justice en France, le jour même de son expulsion.
Le membre du gouvernement français a exprimé sa “colère après l’échec de l’expulsion d’un influenceur algérien arrêté à Montpellier samedi dernier”, en raison de ce que les autorités françaises considèrent comme “son incitation à commettre des actes de violence sur la plateforme TikTok”.
Dans un style et un ton ne reflétant pas une gestion calme des questions litigieuses, Retailleau a évoqué ce vendredi les options disponibles pour Paris afin de traiter avec ceux qui ne respectent pas le principe de réciprocité, en référence au refus de l’Algérie d’accueillir la personne poursuivie par la justice française et placée en détention.
Le responsable a brandi la menace de recourir à plusieurs options juridiques, financières et économiques, ainsi qu’à des mesures liées aux visas. Il a précisé que “son pays figure en tête des pays européens en matière de délivrance de visas d’entrée sur le territoire, puis y séjourner de manière illégale”.
Dans ses déclarations, le ministre a menacé de réduire le nombre de visas accordés par la France aux citoyens algériens, tant que “l’Algérie ne délivre pas davantage d’autorisations consulaires pour les expulsions”. Cependant, selon la presse française, ces mesures ne concernent pas l’influenceur en question, puisqu’il est titulaire d’un passeport valide.
Retailleau a également évoqué la possibilité de recourir à des instruments commerciaux, comme ceux liés aux droits de douane dans le cadre de l’accord européen, ainsi qu’à d’autres mesures économiques, telles que “la réduction du volume des aides au développement pour les pays qui ne coopèrent pas avec nos politiques de lutte contre l’immigration clandestine”. Cependant, selon la presse française, ces aides, estimées à 131,79 millions d’euros d’après les données de l’Agence française de développement, ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan pour un pays dont le produit intérieur brut s’élève à 240 milliards d’euros.
La question des influenceurs algériens s’inscrit dans un contexte de tensions intenses avec l’Algérie, partiellement liées à l’intervention de Paris dans l’affaire de l’arrestation et de l’emprisonnement de l’écrivain Boualem Sansal. Ces tensions trouvent également leur origine, entre autres, dans la position de l’Élysée favorable au Maroc concernant la question du Sahara occidental, ignorant les résolutions onusiennes qui considèrent cette affaire comme une question de décolonisation, ainsi que dans d’autres provocations françaises.